- méchanceté
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• 1380; de l'a. fr. mescheanceI ♦ Vx Caractère de ce qui est méchant (I), médiocre. II ♦ (1596; de méchant, II) Mod.1 ♦ Caractère, comportement d'une personne méchante. ⇒ cruauté, dureté, malignité, malveillance. C'est de la pure méchanceté. Agir avec, par, sans méchanceté. La nature a laissé « dans les meilleurs d'entre les hommes un petit fonds de méchanceté » (Bergson). « La méchanceté humaine, qui est grande, se compose, pour une large part, de jalousie et de crainte » (Maurois). — Par ext. Méchanceté d'un regard. La méchanceté d'un procédé. ⇒ indignité, noirceur. Méchanceté d'une allusion, d'une repartie.2 ♦ Une méchanceté : parole ou action par laquelle s'exerce la méchanceté. ⇒ rosserie, fam. vacherie, vilenie (cf. aussi Un mauvais, vilain, sale tour). Une méchanceté gratuite. Dire des méchancetés. Faire une méchanceté à qqn. ⇒ 2. crasse, fam. saloperie.⊗ CONTR. Bienveillance, bonté, gentillesse, humanité.Synonymes :- cruauté- dureté- noirceur- scélératesse (littéraire)Contraires :- bontéCaractère méchant, malveillant d'un acte, d'un proposSynonymes :- malignité- perversitéContraires :- amabilitéAction, parole méchanteSynonymes :- crasse (familier)- entourloupe (familier)- entourloupette (familier)- misère (familier)- rosserie (familier)- saleté (familier)- vacherie (populaire)- vilenieméchancetén. f.d1./d Penchant à faire du mal.d2./d Action, parole méchante. Syn. (Réunion) malice.⇒MÉCHANCETÉ, subst. fém.[Correspond à méchant B]A. — Caractère, comportement d'une personne méchante, encline à faire du mal à autrui. Synon. cruauté, malveillance, mauvaiseté (rare); anton. bonté, débonnaireté (rare), gentillesse. Dans les hommes du midi, la méchanceté s'évapore en paroles et en pensées. Moins subtile et plus grave chez ceux du nord, elle ne peut se contenter que par des actes (JOUBERT, Pensées, t.1, 1824, p.386). C'était une grosse femme, d'un âge assez mûr, sans méchanceté et sans bonté, grandement insignifiante (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p.39):• 1. Pour se venger, car elle avait la méchanceté chevillée dans le corps, tout ce que Dorothée put imaginer, ce fut de faire choix et élection à certaines fins du devant de porte de Barthélémy.POURRAT, Gaspard, 1922, p.184.SYNT. Agir avec, par, sans méchanceté; méchanceté cachée, diabolique, froide, habituelle, profonde, raffinée; la méchanceté des hommes, du monde.♦Par personnification. Je découvris dans l'humanité, en nageant vers les bas-fonds, en face de l'écueil de la haine, la méchanceté noire et hideuse, qui croupissait au milieu de miasmes délétères, en s'admirant le nombril (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.194).— P. méton. [en parlant de l'attitude physique, intellectuelle ou morale d'une pers.] Caractère de ce qui manifeste une attitude méchante. Synon. dureté, malignité. La méchanceté d'un regard, d'un visage; la méchanceté d'un écrit, d'une parole, d'une réponse. Les critiques étrangers ont remarqué qu'il y a toujours un fond de méchanceté dans les plaisanteries les plus gaies de Candide et de Zadig (STENDHAL, Racine et Shakspeare, t.1, 1823, p.32). Un sourire d'une méchanceté diabolique crispait les coins de sa bouche, il rayonnait de férocité satisfaite (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.419):• 2. Ses yeux gris indiquaient la méchanceté, une méchanceté froide, réfléchie et vicieuse. À la façon tranquille et cruelle dont elle vous regardait, vous fouillait l'âme et la chair, elle vous faisait presque rougir.MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.17.B. —P. méton., au sing. ou au plur. Paroles ou actions méchantes. Synon. crasse(s) (pop.), entourloupette(s) (fam.), rosserie(s), vacherie(s) (pop.); anton. gentillesse(s). Méchanceté(s) fine(s), gratuite(s), plate(s), personnelle(s); dire, commettre, faire des (petites) méchancetés. Je n'avais vu dans sa basse envie, dans ses lâches méchancetés que la singularité incommode d'un naturel atrabilaire (HUGO, Lettres fiancée, 1821, 72). Oh! fit Musette, pourquoi me dites-vous cela? Ce n'est pas aimable; au lieu de me dire des méchancetés, offrez-moi donc ce joli pot de fleurs (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.82):• 3. Elle avait inscrit en épigraphe deux phrases de Nietzsche (...): Homme sublime, je te sais capable de toutes les méchancetés, c'est pourquoi j'exige de toi le bien, puis encore: Maintenant que m'importent les dieux?ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.326.REM. Méchance, subst. fém., synon., hapax. Ici je suis, un pauvre coeur Sans importance En un monde de méchance; Objet de la grosse moquerie, Gibier de quelque prison, Et jusqu'en lui-même rongé Par une triste manie (JOUVE, Trag., 1922, p.27).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694 et 1718: meschan-; dep. 1740: méchan-. Étymol. et Hist. 1. a) Début du XVe s. [date du ms.] meschanceté «action, parole méchante» (CUVELIER, Du Guesclin, éd. E. Charrière, 20783 var.); b) fin XVe s. «malheur» (Internele Consolacion, éd. L. Moland et Ch. D'Hericault, II, XX, p.105); 2. 1596 «penchant à faire du mal» (HULSIUS); 3. 1621 «caractère de ce qui est médiocre» (R. FRANÇOIS, Merveilles de nature, p.206). Dér., à l'aide du suff. -(i)té, de l'a. fr. mescheance «fâcheux accident, mésaventure, malheur» (ca 1165, BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 8470 ds T.-L. — XVIe s.), puis «faute, chute» (ca 1200, Poème moral, éd. A. Bayot, 895), lui-même dér., à l'aide du suff. -ance, de mescheant (méchant). La formation de meschanceté a été favorisée par l'existence de mots tels que boneürté, maleürté, fausseté, mauvaiseté et par le besoin de distinguer le subst. abstr. mescheance tiré de mescheant «malchanceux» du subst. correspondant à mescheant «malfaisant», v. aussi mauvaiseté. Fréq. abs. littér.:974. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 896, b) 1436; XXe s.: a) 1794, b) 1526. Bbg. THOMAS (A.). Nouv. variétés étymol. Romania. 1915/17, t.44, pp. 349-350.
méchanceté [meʃɑ̃ste] n. f.ÉTYM. 1596; meschanceté, XIVe; dér. de l'anc. franç. mescheance, pour servir de subst. à méchant.❖——————II Mod. (1596; de méchant, II.).1 (1596). Caractère, comportement d'une personne méchante. ⇒ Cruauté, dureté, malice (cit. 7), malignité (cit. 3), malveillance, mauvaiseté; fam. vacherie. || Méchanceté diabolique (→ Hyper, cit. 1), infernale; raffinée; agressive, brutale… envieuse (→ Flèche, cit. 11). || Méchanceté noire. ⇒ Scélératesse. || Méchanceté poussée jusqu'au sadisme (→ Guerre, cit. 12). || Agir avec, par méchanceté. ⇒ Méchamment. || Préjudice causé à autrui par méchanceté (→ Faute, cit. 26). || Il y a en lui plus de bêtise (cit. 5) que de méchanceté (→ Plus bête que méchant). || C'est de la pure méchanceté. || Les meilleurs d'entre les hommes ont un petit fonds de méchanceté (→ Humilier, cit. 22). || La méchanceté des hommes, du monde (→ Abattement, cit. 8; anodin, cit. 6; 1. insigne, cit. 3). || La méchanceté humaine est faite de jalousie (cit. 6) et de crainte. || Méchanceté de l'homme civilisé opposé au « bon sauvage » (→ État, cit. 99, Rousseau). — (Par personnification). || La méchanceté gratifie (cit. 8) de noms injurieux les objets de sa haine.1 L'Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient uniquement vers le mal.Bible (Segond), Genèse, VI, 5.2 Toute méchanceté vient de faiblesse; l'enfant n'est méchant que parce qu'il est faible; rendez-le fort, il sera bon : celui qui pourrait tout ne ferait jamais de mal.Rousseau, Émile, I.3 La parole humaine pour lui, c'était toujours une raillerie ou une malédiction. En grandissant, il n'avait trouvé que la haine autour de lui. Il l'avait prise. Il avait gagné la méchanceté générale. Il avait ramassé l'arme dont on l'avait blessé.Hugo, Notre-Dame de Paris, VIII, IV, III.4 (…) Augustine, hargneuse, d'une méchanceté sournoise de monstre et de souffre-douleur, cracha par derrière sur sa robe, sans qu'on la vît, pour se venger.Zola, l'Assommoir, t. I, V, p. 177.4.1 (…) ce n'est jamais par leur puissance d'être que les hommes sont méchants, mais plutôt par les blessures de rencontre; ainsi leur méchanceté n'est point d'eux; c'est comme un malheur qu'ils ont rencontré.Alain, Propos, p. 692.4.2 (…) à l'inverse de son temps, il (Sade) codifie la méchanceté naturelle de l'homme. Il construit méticuleusement la cité de la puissance et de la haine, en précurseur qu'il est, jusqu'à mettre en chiffres la liberté qu'il a conquise.Camus, l'Homme révolté, Pl., p. 454.♦ Par ext. (En parlant de l'expression, de l'air). || Méchanceté de l'expression (cit. 38) du visage. || Un rire incoercible (cit. 2), sans méchanceté.♦ (En parlant des actions, des pensées, des paroles, des écrits…). || La méchanceté d'un procédé. ⇒ Indignité, noirceur. || Méchanceté d'une allusion, d'une répartie, d'un écrit satirique. || Idée reçue où la bêtise coudoie (cit. 4) la méchanceté.2 (XIVe). || Une, des méchancetés. Parole ou action par laquelle s'exerce la méchanceté. ⇒ Rosserie, tour (mauvais, vilain, sale…), vacherie (fam.), vilenie. || Faire des méchancetés. ⇒ Misère; crasse, mistoufle, saloperie. || Dire une méchanceté (⇒ Médisance), de petites méchancetés. ⇒ Épingle (coup d'), pique. || Une plate méchanceté (→ Calomnie, cit. 5). || Une méchanceté gratuite.5 — En conséquence de cette calomnie ou médisance du portier, on se crut autorisé à faire mille diableries, mille méchancetés à ce pauvre père Ange dont la tête parut se déranger.Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 540.6 Le Marquis de XXX, qui ne perd pas l'occasion de dire une méchanceté, disait hier, en parlant d'elle, que sa maladie l'avait retournée, et qu'à présent son âme était sur sa figure.Laclos, les Liaisons dangereuses, CLXXV.7 Rulhière disait un jour à C… : « Je n'ai jamais fait qu'une méchanceté dans ma vie. — Quand finira-t-elle ? demanda C… »Chamfort, Caractères et Anecdotes, « Réponse de Rulhière ».8 (…) quand une méchanceté est exploitée par les femmes, elle va vite et loin.G. Sand, la Petite Fadette, XXVIII.❖CONTR. Bénignité, bienveillance, bonté, débonnaireté, gentillesse, grâce, humanité.
Encyclopédie Universelle. 2012.